• 2014-05-09 Polly grotte du 14 juillet

    Une belle journée ensoleillée  ce 9 mai.

    Rendez vous avec Polly  au Sémaphore de La Ciotat, puis une plongée par 2 rappels successifs vers la Grotte du 14 Juillet. Retour par un grand rappel puis  le pas de la Chèvre et la grotte des émigrés .

     

    Polly grotte du 14 juillet le 9 mai 2014

     

    Polly grotte du 14 juillet le 9 mai 2014

     

     

    Polly grotte du 14 juillet le 9 mai 2014

     

    Toutes les photos sont là 

     RAYMOND : LE RETOUR !

    OU POLLY A LA GROTTE DU 14 JUILLET

    A peine à-t’il reçu le feu vert de la Faculté, Raymond renoue avec l’aventure ! Non pas l’aventure quotidienne, banale, celle du « vulgum pecus », mais l’aventure avec un grand A avec ses aléas, ses risques plus ou moins maîtrisés. Ce touche à tout de génie se frotte aujourd’hui au secours en falaise !

    De plus Raymond est  partageur ; tous nous lui connaissons cette générosité innée et quand il s’agit de prise de risque, il sait y inviter les copains.

    Ainsi Gaston est mobilisé pour renouer avec les falaises Soubeyrannes et y encadrer une de ses amies américaines (nul n’est parfait), Polly qui après avoir écumé le Michigan, la Californie et le Texas, coule des jours tranquilles à Cassis face au cap Canaille qui va bien mal la récompenser de son admiration inconditionnelle.

    L’objectif reste modeste, sans ampleur véritable  et même pour une néophyte ce devrait être une formalité.

    C’est donc au petit matin, vers 8 h 30, que nous la rejoignons au sémaphore et nous voilà très vite dans la garrigue qui domine le cirque du 14 juillet.

    Polly a-t’elle une expérience du rappel ? Il apparait que oui ; une fois dans un passé relativement récent !

    Me voilà définitivement tranquillisé !

     Toujours est’ il que je décide quand même de la descendre moi-même pour qu’elle rejoigne Raymond au bas du premier ressaut : la décision démocratique est pour moi   une pratique incontournable, surtout si je suis le seul à participer au scrutin !

    Pour atteindre la vire qui donne accès à la grotte je consents  toutefois à lui faire confiance si ce n’est que du bas, je tiens fermement le bout de la corde, prêt à bloquer toute accélération intempestive.

    A ma grande surprise, Polly se débrouille à merveille, opposant ce réel succès à mon machisme suspicieux.

    J’équipe la main courante jusqu’à l'entrée de la grotte et nous voilà regroupés, frontale vissée au casque, prêts à affronter l’antre obscur de Satan, qui s’enfonce dans les ombreuses anfractuosités  de la falaise.

    Avec aisance, Polly évolue dans le méandre, franchissant allégrement les obstacles accumulés par le malin.

    Polly se joue des difficultés accumulées à l’envi, et sort vainqueur des passages en chatière, cachés tout au fond de la goulotte.

    Ravis nous faisons demi tour !

    Mais il faut compter avec les canons de la pratique AN qui doivent être impérativement respectés : l’accès se fait par le bas ; la sortie par le haut en opposition au dessus du boyau !

    Polly béotienne et ignorante des difficultés cachées par ma proposition tente de me suivre dans mon ascension vers les diverticules supérieurs. Confiante, elle pose un pied glaiseux sur une prise fuyante, conforte son équilibre sur un deuxième pied (ces prétentieux d’américains en ont deux) sur une bossette pour le moins précaire ; s’élance, ripe et glisse brusquement, lâche les deux mains pour retomber en arrière sur Raymond qui tente vainement d’amortir le choc au sol. Tout cela s’est passé en un instant dans l’obscurité à peine percée par nos frontales.

    Vu le scénario entre-aperçu, je ne m’inquiète pas immédiatement et après avoir poursuivi mon évolution dans les hauteurs, je reviens par le réseau inférieur, vers mes compagnons d’infortune.

    Là, il me faut constater que la scoumoune nous est tombée dessus, avec Polly gisant toujours sur le dos, respirant avec difficulté et se plaignant de douleur à la poitrine.

    Sian poulids !

    Son visage est livide (dans une grotte, est-ce étonnant !), raviné par des sueurs (froides certainement) !

    Pour l’instant Polly est dans l’incapacité de se redresser et de reprendre la progression. Je retourne vers l’entrée du réseau où je croise deux visiteurs qui attendent que nous leur laissions le passage : ils n’ont pas fini d’attendre !

    Je récupère ma gourde et la pharmacie et repars vers notre blessée dont l’état devient plutôt inquiétant.

    Sueurs, mains très froides, douleurs………allons nous tous périr dans ce cul de basse fosse ?

    Je dois craindre le pire ; la présence de Raymond dans ce mauvais pas n’est pas nécessairement un bon présage, quoique vu les situations dont il s’est tiré à son avantage, on ne peut qu’augurer une issue favorable à notre aventure !

    Je fais boire la blessée, lui administre un « doliprane 1000 » alors qu’elle se rafraîchit le front.

    Après ces soins pertinents et énergiques d’hôpital de campagne, j’attends !

    C’est grave docteur ?

    Une demi-heure après, nous attendons toujours et il est grand temps de bousculer ce petit monde, un peu humilié et surtout oppressé par des côtes et un sternum traumatisés ainsi que par le confinement de la grotte.

    A quatre pattes, notre courageuse patiente, va ramper au fond du méandre, ahaner, pâlir, transpirer, vouant aux gémonies cet enfoiré de Gaston qui a provoqué cette situation scabreuse avec ses variantes contestables et risquées. Ce qu’elle pense à ce moment là de Raymond ne saurait être exprimé ici pour d’évidentes raisons de bienséance !

    Pourtant après bien des efforts nous voilà au grand jour dans le porche de la grotte.

    « Ce que j’ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait » -Polly de Saint Exupéry.

    Cette antienne, sera sûrement la base des réflexions et invectives ressassées par Polly tout au long de son interminable calvaire !

    A l’entrée de la grotte, en une demi heure nous avons déjà parcouru 20 m, il n’en reste dons plus que 1500 pour rejoindre la civilisation : voilà qui est encourageant. Il ne nous reste plus qu’à mentir avec constance à notre invitée, sur la durée de son éventuel sauvetage.

    Après une nouvelle pause d’un quart d’heure, il nous faut rejoindre la ligne de rappels toujours encombrée par les randonneurs et grimpeurs du week end.

    Faut-il appeler les secours ?

    En pleine paroi, l’hélico ne pourra pas assurer l’évacuation par treuillage et il faudra quand même descendre la blessée au pied de la paroi. En outre, il n’est pas certain que le téléphone trouve un réseau à cet endroit et enfin il faut compter surement sur une bonne heure d’attente après un appel pour voir arriver les  secours. Autant d’éléments qui nous confirment que nous ne pouvons pour l’instant trouver des ressources qu’en nous-mêmes.

     Ai-je bien réussi à dramatiser la situation ; sentez-vous cette terrible tension de l’intrigue qui se noue, fait monter l’angoisse et nous précipite vers l’inéluctable drame ?

    Nous allons donc progresser par étape par étape en contrôlant l’état de vigilance de Polly  et en nous adaptant à ses capacités physiques résiduelles.

    J'envoie Raymond en bas de l’ultime rappel et j’installe une Poly un peu comateuse au bout de la corde pour la précipiter (avec lenteur et ménagement), comme un sac de pommes de terre, au pied de la paroi.

    Jésus tombe pour la première fois !

    Le calvaire de Polly durera plus longtemps que celui du christ et es chutes seront bien plus nombreuses encore !

    Malgré son état de semi conscience Polly s’en tire plutôt bien.

    Très vite je rejoins mes deux compagnons, rappelle les cordes que nous lovons.

    Dans ma tête je récapitule le parcours ; d’abord il nous faut attaquer la remontée raide, traverser vers le pas De la Chèvre, le remonter et entamer l’interminable  grand balcon vers les Emigrés.

    Devons nous porter Polly en cacolet de fortune ? Ce sera la dernière opportunité avant l’appel à la cavalerie, si d’aventure elle craque.

    Mais elle ne craquera pas !

    Par petites étapes rythmées par des pauses au cours desquelles Polly se désaltère, nous progressons de façon infinitésimale. Les pauses deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues (ce n’est pas le sentiment de Polly qui ressent plutôt l’inverse), mais nous progressons vers la sortie : Se fixer des objectifs peu ambitieux, les réviser à chaque instant, veiller au perpétuel inconfort de notre patiente………..

    Interminablement, nous remontons les vallons, traversons les vires d’où des perspectives d’anthologies viendront à peine distraire Polly concentrée sur ses propres difficultés. Elle reste fixée aux bretelles de mon sac, protégée avec vigilance à l’arrière par Raymond. Notre attelage doit sembler bien étrange pour des observateurs attentifs.

    Pendant 1 h 30, nous allons louvoyer, tirants des bords au vent des difficultés qui se succèdent sans jamais baisser leur garde ; facétieuses et retorses pour mieux  lanciner, épuiser, éreinter Polly si toutefois cela est encore possible.

    Avec abnégation, elle affrontera les rampes sableuse et traitresses, la remontée du Pas de La Chèvre féérique et inquiétant, où certains s’encordent. Sous le grand Draïoun  nous reprenons espoir, bientôt la Dent des Emigrés  se profile. Raymond est délégué vers l’avant  pour récupérer la voiture stationnée au sémaphore.Il le fera rapidement grâce à l'auto-stop et son sourire .

    Nous voilà seuls, Polly et moi ; moi affublé de trois sacs à dos et deux cordes de 50m, sans compter une blessée toute proche de l’épuisement.

    Et oui je dramatise encore, pour la beauté du drame en gestation ; pour le fun diraient les jeunes.

    Les obstacles, se perpétuent à l’infini, mais pour Polly l’infini n’est pas suffisant pour s’opposer à son indéfectible volonté.

    Après bien des efforts « le coche arrive au haut », nous atteignons l’abri des Emigrés où une ombre propice invite à un petit « pénéqué ». Polly y sacrifie un instant, mais un instant seulement car déjà, Raymond nous hèle. Il ne reste plus qu’à remonter péniblement l’ultime couloir de sortie et rejoindre la voiture.

    Il est déjà bien tard quand nous raccompagnons Polly à son domicile de Cassis et la confions à son voisin  docteur qui doit porter un sévère jugement sur ses deux « cicérones » crottés, qui l’ont bien mal accompagnée dans cette visite de la « Grotte de 14 juillet » qui constituera sans doute, dès que les douleurs se seront estompées, un formidable souvenir.

    Y retourner demain ?

    Amitiés

    GASTON

     

     

     

     

     

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